17 octobre 1961 : Mémoire d'une manifestation cauchemar
- leravelienjournal
- 8 nov. 2021
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 22 nov. 2021
La semaine dernière, nous avons commémoré les 60 ans de ce véritable massacre colonial. On vous explique tout ça !

Que s'est-il passé ?
Le 17 octobre 1961, le FLN, Front de Libération Nationale qui lutte pour l'indépendance de l'Algérie organise une manifestation au bord du canal Saint Martin à Paris. Ils souhaitent revendiquer et rendre visible leur lutte aux yeux de tous. Mais l'événement tourne au cauchemar : ils sont violemment attaqués par les policiers, sous ordre du préfet de Paris, Maurice Papon.
Coups de feu, de matraques, noyades, et internements aux portes de la ville... Les méthodes utilisées sont qualifiées par certains comme "dignes de la Gestapo".
En réalité, les "gardiens de la paix" n'ont fait qu'appliquer la consigne donnée par le préfet : "abattre sans sommation les Algériens supposés représenter un danger pour les forces de l'ordre". Paradoxe notable puisque les manifestants étaient venus pacifiquement et non armés.
Maurice Papon était un homme politique français déjà connu pour avoir collaboré avec le IIIe Reich durant l'occupation allemande (1940-44).
On peut se questionner sur la décision prise par le préfet de police, sans l'aval ou la connaissance du pouvoir politique. Est-il possible que cet ordre soit une initiative du seul préfet Maurice Papon, sans avoir consulté sa hiérarchie ?
Les chiffres
D'après les rapports officiels, une cinquantaine de personnes sont mortes durant la soirée, chiffre très sous-estimé selon les historiens, qui soulignent le fait que tous les corps noyés n'ont pas été retrouvés. On compte une centaine de disparus et des centaines de blessés.
Au total, environ 300 personnes musulmanes sont mortes en 3 mois, sous la période couverte par l'estimation.
Le contexte
Depuis 1954, français et algériens se livrent une lutte sans merci. Le gouvernement français s'oppose à l'indépendance de sa colonie, dont la population est composée de "Pieds-Noirs", d'immigrés français qui sont venus s'installer en Algérie, mais d'une grande majorité musulmane. Cette période de guerre est synonyme de tensions énormes et de répression en Algérie, sur le terrain, mais aussi en France ! Des lois discriminatoires sont mises en place dans la ville, comme un couvre-feu uniquement imposé pour les FMA : Français Musulmans d'Algérie. Ils sont sensés bénéficier de l'égalité des droits comme tous français, mais sont en réalité des citoyens de seconde zone.
L'enjeu mémoriel
C'est pourquoi plusieurs centaines de manifestants se sont réunis en ce 17 octobre, afin de commémorer ce combat, mais surtout protester contre ces violences coloniales et racistes. Il s'agit pour eux d'une véritable quête visant la reconnaissance de la vérité par la France. La veille, E.Macron s'était exprimé sur le sujet en évoquant des "crimes commis cette nuit là sous l'autorité de Maurice Papon".
Encore dernièrement, les déclarations du président sur le système algérien : "un système politico-militaire", "fatigué et très dur", car "construit sur la rente mémorielle", ont suscité la colère au sein du gouvernement d'Algérie, qui dès lors avait rapatrié ses ambassadeurs.
Mais des excuses venant de la part du gouvernement suffiront-elles à effacer le passé et à apaiser les tensions entre France et Algérie au sujet de la guerre d'indépendance (1954-62) ?
Un autre enjeu se dessine au sujet de l'histoire nationale : reconnaître ces crimes serait inclure cette histoire coloniale et de ce fait reconnaître toutes les identités qui composent la France d'aujourd'hui.
Ainsi, une fois de plus, une même question se pose :
comment construire un futur sans occulter un passé important ?
Nos recommandations :
L'Ennemi Intime - Florient Emilio Siri
Nous sommes plongés au coeur de la
guerre en Algérie, sur la vie des soldats français à cette période, mais surtout les méthodes utilisées face à L'ennemi.
TW : tortures
Sources :
L'Histoire n°488
"Un massacre colonial à Paris"
www.courrierinternational.com :
"Les Algériens attendent surtout que toute la vérité soit dite"
www.lemonde.fr :
"Soixante ans après le 17 octobre 1961, à Paris, la diaspora algérienne réclame « la vérité » sur un « massacre colonial »"
www.nouvelob
s.com :
"17 octobre 1961 : des « crimes inexcusables pour la République », selon Macron"
www.wikipedia.org :
"Maurice Papon" , "Massacre du 17 octobre 1961"
Crédit photo :
www.humanite.fr
Eda
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